Thématique : Ressources pour l’étude du Paris médiéval

Intervenants

  • Hélène Noizet, maître de conférences, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne ;
  • Judith Förstel, conservateur, service Patrimoines et Inventaire de la région Île-de-France.

Résumé

La séance s’est organisée en deux temps :

  1. présentation de la rubrique "Paris médiéval" du site Ménestrel ;
  2. présentation de la plateforme cartographique ALPAGE (AnaLyse diachronique de l'espace urbain PArisien : approche GEomatique).
  1. Présentation de la rubrique "Paris médiéval" du site Ménestrel

    Le but de la rubrique « Paris médiéval » sur le site Ménestrel est de recenser toutes les ressources utiles à l’étude de Paris médiéval, et en priorité celles accessibles en ligne. Tant du point de vue géographique que du point de vue chronologique, les limites ne sont pas rigides, mais les ressources privilégient néanmoins les limites communales de 1860 et la période 500-1500.

    Les contributeurs, avec tous des spécialités thématiques variées, ne forment pas un groupe fermé. Il est précisé que des étudiants peuvent y participer, à condition que leur travail soit validé par des professeurs au préalable. Il est rappelé également que chaque notice est signée.

    La rubrique se divise en 4 parties : Acteurs et lieux de la recherche, Instruments de travail, Documents et Thèses.

    >Si les lieux de la recherche sont nombreux, on notera en particulier, touchant à l’historiographie de la question, l’IRHT et son séminaire « Paris au Moyen Âge ». Longtemps affaire de personnalités (Michel Fleury en archéologie, Jean Favier en histoire), l’histoire de Paris n’a en effet bénéficié d’un véritable réseau de chercheurs qu’à partir de la fin des années 1990 et la mise en place du séminaire, avec des thèmes tournants, mais touchant plutôt à l’histoire économique et sociale ; ce séminaire est actuellement animé par Caroline Bourlet. Parmi les institutions, on distinguera celles touchant plutôt à l’aspect topographique, archéologique et architectural comme le Centre de topographie historique de Paris (Petit CARAN), le DHAAP (Département d’Histoire de l’Architecture et d’Archéologie de Paris), anciennement « commission du vieux Paris » et ses deux branches Archéologie préventive et Etude du patrimoine monumental en élévation, et la DRAC Ile-de-France, avec son service Patrimoines et Inventaire. Malheureusement, dans encore bien des cas, peu voire pas de ressources sont consultables en ligne ;

    Du côté des archives, si l’on pense spontanément aux Archives nationales, et dans une moindre mesure aux Archives de Paris, dont les documents doivent être publiés très prochainement, on pensera aussi aux collections thématiques comme l’APHP, la préfecture de police, encore les archives départementales de l’Yonne pour les questions ecclésiastiques, ou les archives des monuments historiques à la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine.

    A côté des centres de documents et des bibliothèques connus comme la BnF ou la BHVP (Bibliothèque Historique de la Ville de Paris), on rappellera que c’est la bibliothèque Mazarine qui reçoit les exemplaires du dépôt légal d’histoire locale. Parmi les autres institutions, et à côté des musées bien connus, comme les musées de Cluny, Carnavalet et du Louvre, qui proposent généralement peu d’éléments numérisés, on citera enfin le Comité d’histoire de la ville de Paris pour son cycle récent sur Paris médiéval et les publications qui s’en sont suivies chez Belin.

    Si les principaux outils de travail sont le fruit de travail d’universitaires, de chercheurs et de professionnels du patrimoine, quelques initiatives privées ont été signalées, notamment la base bibliographique sur Paris au Moyen Âge et l’atlas historique de Paris. Enfin, cette rubrique du site Ménestrel présente un utile lexique du marché foncier ainsi que des chapitres d’un projet de publication papier non aboutie, Prix, salaires et fortunes à Paris (13e-15e s.) : outils pour une histoire économique, issus du séminaire sur Paris et centrés sur l’approche documentaire.

    Concernant les documents et les thèses, on renvoie aux sous-rubrique spécifiques de Ménestrel, présentés par types. On notera qu’à côté de Gallica, on pourra utiliser avec profit archive.org pour tout ce qui concerne les éditions anciennes. On notera également la partie originale concernant l’iconographie de Paris médiéval et dont le but est de recenser d’une part les vues médiévales (par œuvre : manuscrits, tableaux) et d’autre part les vues de l’époque moderne représentant le Paris médiéval, tant pour l’aspect architectural que pour les activités. Issue d’une position pratique (disposer d’images à des fins d’enseignement) et militante (présenter des images commentées voire complétées d’une bibliographie à une époque où l’on trouve de tout sur internet), cette initiative est encore un travail en cours et fera peut-être l’objet d’une base de données.

  2. Présentation de la plateforme cartographique ALPAGE

    Hélène Noizet présente alors le projet de recherche ALPAGE, financé initialement par une ANR 2006-2010 et transformé depuis en réseau de chercheurs sur l’histoire de Paris. Le but était de proposer une plateforme de données géomatiques produites et accessibles à différents niveaux et sous divers formats (cartes toutes faites, en format vectoriel, téléchargeables ; mais aussi cartes inédites crées à partir du SIG-Système d'information géographique). Lien vers la plateforme ALPAGE.

    Afin de mieux faire comprendre la conception et le fonctionnement d’ALPAGE, H. Noizet fait une démonstration du SIG Quantum GIS, le logiciel open source  le plus performant en version gratuite  et dont les fonctionnalités sont largement suffisantes pour les besoins de l’historien. Elle insiste notamment sur le fait qu’on distingue les données de leurs représentations graphiques. Chaque donnée est en effet décrite dans un tableau associé, permettant d’établir une composante attributaire/sémantique (ex. : superficie, censive/fief, caractère ecclésiastique ou non…), représentée ensuite sur la carte par une composante géométrique (point, ligne, surface/polygone) et des couches de données. La carte est alors constituée par requête sur ces composantes. L’intérêt est évidemment que chaque donnée se voit attribuer des données géographiques permettant de conserver l’échelle quels que soient les changements de zoom et les combiner avec des données variées (cf. APUR, autres travaux, Street View). Elle rappelle également que le plus long touche au traitement des données, et que le reste n’est que de l’habillage.

    Comme cela avait été dit lors de la séance des Boudoirs Méthodologie et épistémologie des cartes, elle souligne l’importance de ne pas construire la carte uniquement à l’issue de l’analyse. Dans le cadre d’un travail historique, cette facilité de manipulation permet de lancer des hypothèses et de faire des cartes « pour rien ». Elle cite l’exemple du lien fait entre l’enceinte de Charles V et l’altimétrie du début du XIXe s qui a mis en valeur les voiries (décharges au-delà de l’enceinte). Elle cite de même l’exemple du tracé de l’enceinte carolingienne déduite des anomalies du parcellaire postérieur. Mais même ces manipulations relèvent d’une démarche historienne : il y a toujours un certain degré d’incertitude et il est alors nécessaire de décider et de documenter la décision (ex. : quel document utilisé pour trancher). Mais l’utilisation d’un outil informatique comme le SIG permet de modifier facilement la carte en fonction des nouvelles découvertes ; en outre, la notion d’échelle permet d’indiquer la précision de l’information dans les métadonnées et d’établir par exemple des seuils avec contraintes : certaines données peuvent ne pas être affichées en dessous ou au-dessus d’une certaine échelle si elles ne sont pas considérées comme assez sûres.

    Dans le cas du projet ALPAGE, le site peut être utilisé à 3 niveaux :

    • cartes vectorielles, toutes faites ;
    • accès aux données du SIG directement en ligne (web mapping) sans installer le logiciel – exportable en PDF, avec ajouts de données possibles (annotations) ;
    • données brutes en format Shapefile avec métadonnées et licence Odbl que l’on peut récupérer – chaque auteur de la donnée est mentionné.